samedi, janvier 13, 2007

Vade mecum


Vade mecum n'est pas qu'un dentifrice, c'est aussi, dérivé de son acception latine un ouvrage que l'on emporte avec soi. (signifiant littéralement "viens avec moi")

PArlons donc d'un auteur slave qui m'est cher (d'ailleurs j'deviends amoureux des auteurs slaves...): Nabokov, et de son livre certes polémique et partiellement abject mais ô combien éclatant.
Quelques rapides extraits:

(le début)
"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita."

(ch 10)
Le vestibule était orné d'un carillon de porte, d'un hideux nabot de bois aux yeux blancs, de facture commercialo-mexicaine, et de cette banale idole des petits bourgeois férus d'esthétique, L'Arlésienne de Van Gogh
[...]
Puis la maîtresse de céans - sandales, pantalon grenat, corsage de soie jaune, visage quadratique, dans cet ordre - descendit les marches, tapotant encore sa cigarette du bout de l'index.
[...]
Son sourire se réduisait à un haussement interrogateur d'un seul sourcil; sans cesse tout en parlant, elle délovait son corps du sofa et dardait spasmodiquement le bras vers l'un des trois cendriers
[...]
Elle était visiblement de ces femmes dont le vocabulaire policé reflète peut-être leur club de bridge ou de lecture, ou quelque autre sinistre trivialité, mais jamais leur âme; de ces femmes dépourvues du moindre humour, suprêmement indifférentes, en réalité, aux dix ou douze thèmes qui régissent les conversations de salon, mais des plus strictes sur le protocole de ces mondanités (qui laissent voir à travers leur cellophane précieuse de bien peu ragoûtantes frustrations). Je savais parfaitement que si, par un hasard impensable, je prenais pension chez elle, elle s'emploierait avec un empressement méthodique à m'assujettir à ce que la venue d'un pensionnaire avait sans doute signifié de tout temps à ses yeux, et que je serais prisonnier une fois de plus d'une de ces liaisons accablantes que je connaissais si bien."

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